Pour le côté ludique, voici quelques axiomes que l'on rencontre
fréquemment dans notre quotidien, tant privé que professionnel, et
qu'il peut être utile de connaître avant d'en subir les
conséquences. Une personne avertie...
1. LOI DE PARETO : 20 % des clients rapportent 80 % du
chiffre d'affaire.
Vilfredo Pareto (1848-1923) était un économiste italien qui, en
1906, avait observé que 20% des Italiens possédaient 80% de la
richesse accumulée de leur pays. On peut élargir l'application de
cette loi à d'autres pays ou à la Terre entière. Ainsi donc 80% des
richesses sur la planète sont détenues par 20% des individus.
Cette loi a été transposée dans d'autres domaines comme la sécurité
routière (20% des automobilistes causent 80% des accidents) ou peut
l'être dans celui de la sécurité sociale (rapport entre les
dépenses et les malades). Mais cette loi empirique peut aussi
s'exprimer dans des domaines plus futiles. Sachez ainsi que 20% de
vos vêtements seront portés 80% du temps.
Le principe de Pareto est considéré comme quasi universel ! Elle
est quelque peu agaçante car empirique comme le soulignait Josef
Steindl en 1965 : "Depuis très longtemps, la loi de Pareto encombre
la scène économique comme une grosse roche erratique dans un
paysage; c'est une loi empirique que nul ne peut expliquer". Joseph
Juran, spécialiste de la qualité, a ainsi traduit la règle des
20/80 : "Dans tout groupe de choses contribuant à un effet commun,
la majeure partie de l'effet est attribuable à un nombre
relativement faible de ces choses".
Ce principe de Pareto s'applique également dans l'entreprise
:
- 20% des produits ou des clients représentent 80% du chiffre d'affaires
- 20% des ventes représentent environ 80% de la marge bénéficiaire
- 20% du personnel total est concerné par 80% des accidents du travail
- 20% des causes peuvent être à l'origine de 80% des défauts
- 20% des pièces stockées dans une entreprise représentent 80% de la valeur du stock
- 20% des fournisseurs représentent 80% du volume d'achat total
- 20% des clients sont à l'origine de 80% des réclamations
Ce "principe de déséquilibre" peut également s'appliquer au personnel de l'entreprise privée ou publique. Ainsi 20% du personnel abattrait 80% du travail.
Chaque travailleur peut aussi, à partir de cette règle, s'interroger sur son propre travail. Ne dit-on pas que 20% de votre activité fournit 80% de vos résultats... et qu'atteindre les 20% restant représente 80% de vos efforts ! Ou que vous passez 80% de votre temps pour seulement 20% de résultats. L'observation de son propre travail et de son organisation peut permettre d'améliorer ses résultats...
Une autre approche : l’essentiel prend 20% du temps, de l’espace,... l’accessoire 80%. Il faut distinguer l’essentiel de l’accessoire. Préserver du temps et se concentrer sur l’essentiel.
2. LOI DE MURPHY : La tartine tombe toujours sur son côté beurré.
S'il existe plusieurs manières de faire quelque chose et que l'une d'elles est susceptible d'engendrer une catastrophe, on peut être certain qu'il se trouvera quelqu'un pour la choisir... Voilà ce qu'Edouard A. Murphy, ingénieur à l'US Air Force, déclara innocemment un beau jour de 1949. Une des expériences qu'il supervisait nécessitait l'utilisation de seize capteurs accrochés en divers endroits du corps d'un soldat-cobaye. Il y avait deux façons d'accrocher les capteurs. Une bonne et une mauvaise. Quelqu'un réussit à installer simultanément les seize capteurs dans la mauvaise position. C'est alors que Murphy formula la fameuse loi, qui allait lui valoir une gloire internationale...
Application : La loi de Murphy, ou « loi de l'emmerdement maximal », est peut-être la plus grande découverte du xxe siècle dans le champ des sciences humaines. Qu'on en juge : tous les automobilistes voient bien que la file d'à côté avance plus vite. Tous les grands voyageurs ont remarqué que l'hôtesse sert toujours le café juste avant que l'avion n'entre dans une zone de turbulences. Et tous les responsables de communication savent bien que ce qui est susceptible d'être compris de travers est toujours compris de travers. Enfin, selon la loi d'Archimède-Bell, quand on plonge un corps dans une baignoire, le téléphone sonne !
3. LOI DE GAUSS : La répartition d'une population "normale" peut être représentée selon une courbe en cloche.
Né en 1777 dans le duché de Brunswick (Allemagne), Carl Friedrich Gauss fut un véritable génie des mathématiques. Entre autres découvertes, on lui doit une constatation très simple. Dans une population donnée (les salariés d'une entreprise, des haricots dans un sac, etc.), si on classe les individus selon une caractéristique (leur taille, leur poids, leur QI, leur niveau de compétence), on s'aperçoit que, plus on s'approche de la moyenne sur le critère considéré, et plus il y a d'individus. Plus on s'en éloigne, et moins il y en a. Aux deux extrémités, il n'y a presque personne. La représentation graphique de cette réalité s'appelle une courbe de Gauss et prend la forme d'une cloche.
Application : La courbe de Gauss est bien pratique pour représenter la réalité d'un marché. Sur le marché de la chaussure, les clientes qui chaussent du 35 ou du 43 vont, par exemple, se retrouver placées en dehors de la cloche, à chacune des extrémités de la courbe. Faut--il pour autant se désintéresser de leur sort au prétexte qu'elles sont peu nombreuses ? On a déjà vu (loi des 20/80) que 20 % d'une population donnée est susceptible de causer 80 % des ennuis. Il y a fort à parier que ces 20 %-là sont justement les « extrémistes » de la courbe de Gauss...
4. PRINCIPE DE PETER : Dans une hiérarchie, chaque employé tend à s'élever jusqu'à son niveau d'incompétence.
Lorsque Laurence J. Peter énonça pour la première fois son fameux « principe », en 1969, il déclara sans modestie vouloir fonder rien moins qu'une nouvelle science : la « hiérarchologie » ou « science de l'incompétence au travail ». La suite prouva que son projet n'avait rien de présomptueux tant l'incompétence gagne du terrain dans les appareils politiques, les administrations, les armées, les syndicats, les églises ou les états-majors des entreprises. Les constatations empiriques sur lesquelles se fondait Peter étaient les suivantes : dans une organisation quelconque, si quelqu'un fait bien son travail, on lui confie une tâche plus complexe. S'il s'en acquitte correctement, on lui accordera une nouvelle promotion. Et ainsi de suite jusqu'au jour où il décrochera un poste au-dessus de ses capacités. Où il restera indéfiniment.
Application : Le « principe de Peter » a deux importants corollaires. D'abord, dans une organisation, le travail est réalisé par ceux qui n'ont pas encore atteint leur niveau d'incompétence. Ensuite, un salarié qualifié et efficace consent rarement à demeurer longtemps à son niveau de compétence. Il va tout faire pour se hisser jusqu'au niveau où il ne sera plus bon à rien !
5. LOI DE PARKINSON : Une tâche nécessite toujours tout le temps dont on dispose pour l'effectuer.
Soyez honnête : vous arrive-t--il souvent de ne pas utiliser tout le délai dont vous disposez pour un travail ? Cette « loi » a été énoncée en 1958 par le professeur C. Northcote Parkinson littéralement sous la forme suivante : « Work expands to fill the time available for its completion. » Cela signifie que, si un manager a dix personnes sous la main pour exécuter une tâche dont pourraient s'acquitter cinq personnes en une semaine, vous pensez, arithmétiquement, qu'il en aura fini au bout de deux jours et demi. Eh bien, non. Il rajoutera ce qu'il faut de complications, réunions, consultations pour que le chantier dure effectivement une semaine à dix personnes.
Application : Nous connaissons tous de ces chefs de projet qui brassent de l'air pour justifier leur existence. Nous avons tous également constaté que le fait d'ajouter des ressources supplémentaires - intérimaires, consultants extérieurs - pour accélérer un projet aboutit à l'effet inverse et le retarde plus encore. Ce sont là deux manifestations de la loi de Parkinson. Egalement dénommée « loi des grands projets informatiques.
6. LOI DE MOORE : Le nombre de transistors par circuit de même taille double à prix constant tous les dix-huit mois.
Cofondateur de la société Intel, Gordon Moore avait affirmé dès 1965 que le nombre de transistors par circuit de même taille allait doubler, à prix constants, tous les ans. Il rectifia par la suite en portant à dix-huit mois le rythme de doublement. Il en déduisit que la puissance des ordinateurs allait croître de manière exponentielle, et ce pour des années. Il avait raison. Sa loi, fondée sur un constat empirique, a été vérifiée jusqu'à aujourd'hui. Il a cependant déclaré en 1997 que cette croissance des performances des puces se heurterait aux environ de 2017 à une limite physique : celle de la taille des atomes. D'ici là, nos ordinateurs seront environ 1 500 fois plus puissants qu'aujourd'hui !
Application : Qu'un PC acheté en 2003 soit à la fois cinq fois moins cher, dix fois moins lourd, cent fois plus puissant et beaucoup plus ergonomique que notre premier ordinateur, cela ne fait aucun doute. Mais il y a un corollaire à la loi de Moore, dont les vendeurs de hardware ne parlent jamais : c'est que tout ordinateur devient obsolète... au plus tard le jour de son déballage. Et aussi que, plus on ajoute de fonctionnalités à un ordinateur, plus on augmente la probabilité des « bugs ».
7. LOI D'ILLIICH : Au -delà d'un certain seuil, l'efficacité décroit, voire devient négative.
Ivan Illich est surtout connu pour ses travaux en matière d'éducation. Mais ce n'est pas sa seule contribution au progrès de l'humanité. Il a été le premier à remarquer que la vieille loi dite « des rendements décroissants » - connue depuis Turgot et les économistes classiques - s'applique aussi à l'activité humaine.
Qu'ont constaté ces pionniers ? Qu'en doublant la quantité de travail agricole on ne double pas la quantité de blé produite. Et que, plus on approche d'une certaine limite, plus il faut ajouter de travail pour obtenir toujours moins de blé supplémentaire. Au-delà, on entre dans la zone dite des rendements décroissants. Illich considère qu'il en va de même pour l'être humain : au-delà d'un certain seuil, son efficacité finit par devenir négative.
Application : Stakhanov et ses adeptes ont certes noté que, plus on subit de pression, plus on est performant. Certaines personnes ne travaillent jamais aussi bien que sous stress. Mais cela n'est vrai que jusqu'à un certain point. Au-delà, toute dose de stress supplémentaire sera contre-productive.
8. PRINCIPE DE TURGOT : Les rendements décroissants.
Après 90 minutes de concentration, votre capacité d'attention est réduite de moitié. C'est le principe des rendements décroissants, bien connu en économie.
Comment se prémunir ?
- Faites de courtes interruptions dans votre journée.
- Décidez vous-même du moment de ces pauses.
- Prévoyez une alternance dans les tâches qui vous attendent chaque jour.
En résumé : évitez la routine et la lassitude.
9. LOI DE L’ECCLESIASTE
"Chaque chose en son temps et un temps pour chaque chose". Elémentaire mon cher Watson ! En clair cela veut dire qu'il est essentiel d'avoir un bon timing en premier (chaque chose en son temps) et puis ensuite de savoir combien de temps approximativement on va y passer.
10. LOI DE LABORIT
La constatation de ce chercheur a été que nous repoussons un max tout ce qui nous ennuie en faisant d'abord tout ce qui nous plait. Il est donc primordial d'abord de faire ce qui nous fait plaisir (= mon job c'est ma drogue) mais surtout de s'astreindre à régler ce que nous n'aimons pas en premier afin d'avoir la tête libre pour exécuter le reste en paix.
Une fois réglé le non-plaisant, la vie se fait plus cool sinon on passe son temps pour esquiver la fameuse tâche déplaisante (procrastination) et on stresse un max.
11. LOI DE CARLSON
C'est de limiter les interruptions quand vous êtes attelé à une tâche. En restant concentré sur la tâche à effectuer, vous l'achèverez avec efficacité sans perte de concentration. Faites donc en sorte de vous isoler suffisamment des autres, des téléphones et de votre messagerie car faire un travail en continu prend moins de temps qu’en plusieurs fois.
12. LOI DE DOUGLAS
Rangez votre bureau. Déblayez l'inutile, rangez vos documents à la bonne place, classez les dossiers qui ne sont plus actifs afin d'avoir un bureau dégagé et une doc accessible car la loi d'Illich énonce : plus on dispose de place moins on trie. Dossiers et documents s’entassent jusqu’à remplir l’espace disponible pour leur rangement.
Une bonne mise en application de ces fondamentaux :
Un bureau toujours bien rangé (12)
Une todo liste préparée la veille (1) (5) (10)
La todo list comporte des items optionnels s’il y a du temps libre(9) (11) afin de m’octoyer des pauses salutaires (7) pour règler les imprévus (2).